Petite Introduction

Un éclair au chocolat

Le début

Tu connais évidemment le proverbe : “Bécasse au long bec, bien loin d’être bête”. Je me sens toujours visée en l’écoutant, c’est dingue ! Et cela sans prétention, bien sûr. Car oui, j’ai un grand bec et j’en suis fière. Pourquoi je ne suis pas une simple bête ?

Tout a commencé, il y a fort fort longtemps dans une forêt profonde pendant un hiver rude. Le vent propageait le froid dans tout les abris, mais à cette époque, je n’en avais pas conscience. Je subissais simplement des grelottements comme tout animal sauvage. À une heure hâtive, j’étais encore endormie confortablement installée dans mon nid de feuilles. Pour ne pas te mentir, j’y passais la plupart de mon temps, je me permettais juste entre deux repos, une promenade dans mon voisinage forestier. En effet, il faut bien se nourrir de temps en temps et rien ne me tombait tout cru dans le bec. Je menais la vie d’une parfaite pantouflarde, mais cette journée avait décidé que la paresse devait cesser. Alors elle m’envoya un éclair sur la caboche. La pâtisserie chocolatée m’a bougrement surprise. Après un réveil brutal et difficile, j’ai pris conscience que mon gésier était vide, terriblement vide. Mes yeux ont alors sauté sur la friandise qui était allongée près de moi. Il ne m’a pas fallu plus d’une seconde pour me décider à me sucrer le bec. Suite à quelques becqués, la forêt entière s’est mise à tournoyer violemment et l’horizon à se pencher. Une fièvre folle a flamboyé en moi et j’ai entendu tous les synapses de mon cerveau s’ouvrir. On aurait dit que ma cervelle moussait, bouillait même ! Dès lors, tout ce qui avait été sauvage en moi s’était évaporé, laissant la place à la réflexion et aux questionnements. Et je subis bientôt les premiers vertiges qu’implique les choix sans instinct, ma personnalité allait bon train.

Tu te demandes comment tout ça à commencer ? C’était un matin, je dormais dans mon nid de feuilles, paisible. Et voilà qu’un éclair me tombe dessus, tu sais cette pâtisserie formé d’un chou gorgé de chocolat. Tu aurais peut-être apprécié le cadeau. N’empêche, je n’apprécie pas qu’un espèce de voleur de poule me réveille à une heure hâtive, quel que soit ses manières. Je n’ai jamais su qui il pouvait bien être, ça pique encore aujourd’hui ma curiosité. Maintenant que cette friandise se trouvait près de moi, je n’allais pas la laisser se perdre. Elle aurait sûrement été assaillie par une armée de fourmis. Ne permettant pas un tel assaut, je me suis dévoué et j’ai piqué dans le gateau !

Un peu, puis plus encore. Il a suffit de quelques secondes, pour qu’un je ne sais quoi me monte à la tête. Et j’ai senti tous les synapses de mon cerveau s’ouvrir. Tout ce que je considérais alors comme acquis fût transformé en question. Je venais de quitter l’aire des instincts et des certitudes pour entrer entrer dans celle de la réflexion et des questionnements.